Réponse de la CEETTAR au Professeur Strohschneider

Professeur Peter Strohschneider

Président du dialogue stratégique sur l'avenir de l'agriculture européenne

ec-contribution-strategic-dialogue-agri@ec.europa.eu

Bruxelles, le 13 mars 2024,

Cher Professeur,

Je me réfère à votre lettre du 28 février 2024, dans laquelle vous demandez la contribution de nos associations au Dialogue Stratégique sur l'avenir de l'agriculture dans l'Union européenne.

La Confédération Européenne des Entrepreneurs de Travaux Agricoles, Ruraux et Forestiers (CEETTAR) estime que les approches innovantes des entrepreneurs sont déjà, mais pas suffisamment, prises en compte dans le débat actuel. Les pratiques innovantes des entrepreneurs créent un pont entre la protection de l'environnement et la production alimentaire.

Ces dernières années, de nombreuses tentatives ont été faites pour opposer les visions de l'agriculture et réduire la chaîne agroalimentaire à un terrain de jeu politique. C'est pourquoi la CEETTAR souhaite mettre les choses au clair, en répondant comme suit aux questions mentionnées dans votre lettre.

Comment pouvons-nous donner à nos agriculteurs et aux communautés rurales une meilleure perspective, y compris un niveau de vie équitable ?

Les relations économiques entre agriculteurs et entrepreneurs sont régies par des principes tels que ceux qui sous-tendent l'économie de partage. Les entrepreneurs fournissent aux agriculteurs des solutions d'agriculture de précision, quelle que soit la taille de l'exploitation. Par exemple, tout en utilisant des produits phytosanitaires et des engrais plus durables, les entrepreneurs peuvent limiter la dérive des pulvérisations grâce à des technologies d'épandage spécialisées.

Comment pouvons-nous soutenir l'agriculture dans les limites de notre planète et de son écosystème ?

Nous pouvons soutenir l'agriculture en favorisant les opportunités de croissance durable pour l'ensemble de la chaîne de valeur. La CEETTAR souhaite que le principe de précaution de l'UE soit équilibré par un principe d'innovation de l'UE, afin de créer une situation gagnant-gagnant entre tous les acteurs. Le débat devrait être orienté vers une approche plus optimiste. Nous devons, par exemple, soutenir les Nouvelles Techniques Génomiques.

Les entrepreneurs souhaitent également faciliter la décarbonisation de leurs activités en développant des carburants alternatifs aux carburants fossiles. Il ne s'agit pas seulement de l'électrification de la flotte et de l'utilisation de carburants renouvelables et à faible teneur en carbone, mais aussi de l'utilisation intelligente des machines pour accroître l'efficacité énergétique. La mission pour l’avenir est toujours de maximiser les rendements, mais aussi la protection de l’environnement.

Comment pouvons-nous mieux utiliser les immenses possibilités offertes par la connaissance et l'innovation technologique ?

Les entrepreneurs à travers l’Europe s’attaquent déjà de front au problème, avec la technologie et le savoir-faire nécessaires pour utiliser les meilleures pratiques, en combinant performance économique et protection de l’environnement. Dans l'agriculture, nous devons stimuler l'utilisation et non l'achat de technologies par les agriculteurs, afin de garantir l'implantation la plus large possible de solutions respectueuses du climat. En stimulant l'utilisation de ces technologies, nous les rendons accessibles à tous les agriculteurs de l'UE, qu'ils soient grands ou petits. Même si les petits exploitants n'ont pas les moyens d'acheter une machine à un million d'euros, ils peuvent acheter ce service auprès d’un voisin agriculteur ou d'un entrepreneur agricole. Même si les grandes exploitations peuvent se permettre d'utiliser des technologies traditionnelles, elles peuvent encore juger nécessaire d'utiliser des technologies de pointe.

En aidant davantage les agriculteurs à faire appel aux services d’entrepreneurs, les programmes de soutien de l'UE - surtout la Politique Agricole Commune, en particulier par le biais des éco-régimes - vont dans la bonne direction, à condition qu'ils soutiennent l'utilisation de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement, et non l'achat de machines par les agriculteurs. La CEETTAR, en collaboration avec le CEMA, l'association représentant l'industrie européenne des machines agricoles, a proposé à la PAC de mettre en place une nouvelle incitation innovante sous la forme d'un "bon pour les technologies intelligentes", qui serait attribué aux agriculteurs et aux propriétaires forestiers et qui serait libéré par les entrepreneurs[1].

En outre, nous devons garantir une manipulation sûre et sécurisée des machines agricoles, en assurant le développement de l'intelligence artificielle et des dispositifs connectés, tels que ceux déjà utilisés par les entrepreneurs.

Nous devons garantir un droit d'accès aux données relatives aux machines pour les entrepreneurs, afin d'assurer des conditions de concurrence équitables avec les agriculteurs et les producteurs de machines. Il est également important de garantir la transférabilité des données entre les acteurs, ainsi que la portabilité des données entre les machines. Nous devons également sécuriser les équipements agricoles et veiller à ce qu'ils ne soient pas volés.

Comment pouvons-nous promouvoir un avenir brillant et prospère pour le système alimentaire européen dans un monde compétitif ?

Nous devons changer l'image du secteur agricole en montrant comment l'agriculture européenne a prouvé sa capacité d'adaptation au fil de l'histoire et comment elle peut relever les défis mondiaux actuels. Nous devons inciter les jeunes à choisir une carrière dans le secteur et soutenir la formation professionnelle continue et l'acquisition de compétences numériques.

La CEETTAR propose également un permis de conduire européen pour les véhicules agricoles et forestiers, reconnu par tous les Etats membres de l'UE, et qui s'applique sans discrimination à tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole (agriculteurs et entrepreneurs inclus). La CEETTAR propose un permis de conduire à deux niveaux (T1 et T) pour les machines agricoles et forestières. Le niveau T1 est adapté aux petites activités agricoles, telles que les machines de chargement d'aliments pour animaux et les élevages bovins, tandis que le niveau T2 est valable pour les véhicules agricoles et forestiers plus lourds et plus rapides et pour les machines jaunes (engins mobiles non routiers). Pour chacun de ces niveaux, il devrait y avoir des limitations de vitesse et de capacité différentes[2].

Enfin, la CEETTAR veut faire le lien entre le secteur primaire et l'industrie à la fin de la chaîne de valeur. La Commission européenne a fait de l'agriculture de précision et de l'innovation l'une des priorités pour l'avenir du secteur. Les entrepreneurs fournissent aux agriculteurs des solutions d'agriculture de précision, quelle que soit la taille de l'exploitation, et les aident à intégrer l'ensemble de la chaîne de valeur alimentaire.

J'espère que ces explications permettront d'inclure les propositions de la CEETTAR dans le dialogue stratégique sur l'avenir de l'agriculture dans l'Union européenne.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées, 

Klaus Pentzlin

Président de la CEETTAR